“La Géographie, cela ne sert pas seulement à faire la guerre.”

Née pour répertorier
Naître dans l’Arche, y survivre et atterrir sur Terre… Si j’avais su tout ce qui m’attendait, pas sûr que je serais restée de ce monde. En plus, devinez quoi, mes parents ne m’avaient même pas choisi de prénom. Non mais franchement, comment tu peux passer neuf mois à attendre un petit bébé sans réussir à trouver un prénom ? Bref, tout ce que e peux vous dire c’est que mon père a été bien emmerdé quand on lui a annoncé que ma mère (sa femme hein donc, c’est pour savoir si vous suivez toujours) était morte en couche. Puis on lui a demandé de me trouver un prénom. Bien évidemment je n’ai pas pu voir la tête qu’il a fait mais j’imagine assez bien. À mon avis il a bien pleuré puis il s’est rappelé des yeux transperçant de ma mère et c’est là qu’il s’est dit qu’il allait m’appeler Iris. Bravo papa ! Quelle originalité ! Il me regardera toujours la larme à l’œil jusqu’à la fin de ma vie !
Bon d’accord, je vous avoue que ce n’est pas vraiment mon genre de parler de cette façon, mais à vrai dire, je déteste mon prénom. Et je déteste aussi tout ce qui entoure ma naissance. Mais j’aime mon père, bien qu’il n’ait pas toujours eu les idées claires. C’est dur de grandir dans le deuil de sa mère, dans l’image d’une femme que je ne connaîtrais jamais et mais à qui je ressemble autant paraît-il.
Mon papa m’a éduquée correctement, il m’a transmis des valeurs et des codes pour survivre dans ce monde déjà ici pour la survie. Et oui, la vie sur l’Arche, c’est pas la joie. Beaucoup de règles, de contraintes, de peur, de surveillance, d’angoisses sur le futur, de complots. Et une douloureuse sensation d’enfermement. Prisonnière de l’Arche, je ne voulais pas être également prisonnière de ma propre vie. C’est pourquoi je me suis rapidement lancée dans des études de géographie, bien que moquée par la plupart de mes connaissances. Pour eux, j’apprenais un savoir inutile, puisqu’on ne reviendrais pas sur Terre, ou du moins, si on le pouvait, rien ne serait plus comme avant.
Ils avaient tort. Tous autant qu’ils sont. La géographie, ce n’était pas seulement étudier l’ancien monde, c’était étudier un territoire infiniment plus vaste que l’Arche, où chacun pouvait vivre librement, respirer à pleins poumons sans penser aux conséquences de cet acte et surtout, où on pouvait bâtir, créer, évoluer. Cet enseignement, c’était voir une façon de vivre qui permettait encore d’espérer et de tenir. Bien sûr que le monde avait peut être changé mais dans ce cas, nous aurions besoin de re-cartographier tout cela.
C’est pour cela que je me suis portée volontaire pour rejoindre les « 100 » sur Terre. Je voulais vivre cette expérience et tenter de réaliser tout ce que j’avais auparavant rêvé. Bien sûr que laisser mon père sur l’Arche ne m’enchantais guère, mais j’avais besoin de ce souffle nouveau. Qu’importent les risques.
Je suis donc récemment arrivée sur Terre. J’y ai appris de nombreuses choses, notamment à propos de ces Grounders et du mont Weather. J’avoue que certains commentaires me font froid dans le dos. Et pourtant, je n’arrive à croire que nous ne puissions pas vivre tous ensemble. J’ai la conviction que nous pouvons y arriver.
Pour le moment, je dois me mettre au travail et cartographier toutes les zones déjà connues pour pouvoir très bientôt, m’aventurer plus loin afin de découvrir les richesses de ces lieux et les limites qui sont les nôtres.